6 novembre 2021

Isaac le Syrien

Isaac le Syrien ou Isaac de Ninive, né en 640 et mort en 700, est un ascète, mystique, écrivain, théologien, évêque. Un des plus grands maîtres spirituels du christianisme oriental.


« Seigneur, quand ton Esprit Saint vient habiter dans un homme, cet homme ne peut plus cesser de prier, car l'Esprit en Lui prie sans cesse. Qu'il dorme, qu'il veille, dans son cœur la prière est toujours à l'œuvre. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il se repose ou qu'il travaille, l'encens de la prière monte spontanément de son cœur. La prière en Lui n'est plus liée à un temps déterminé, elle est ininterrompue. Même durant son sommeil, elle se poursuit, bien cachée. Car le Silence d'un homme qui est devenu libre est en Lui-même déjà prière. Ses pensées sont inspirées par Toi, mon Dieu. Le moindre mouvement de son cœur est comme une voix qui, silencieuse et secrète, chante pour Toi l'Invisible. »

« Purifie-toi et tu verras le Ciel en toi. En toi tu verras les anges et leur Lumière, et tu verras leur Maître avec eux et en eux. […] Le Pays Spirituel de l’homme à l’âme purifiée est au-dedans de Lui. Le soleil qui brille en Lui est la Lumière de la Trinité. L’air que respirent les pensées qui Lui viennent est l’Esprit-Saint Consolateur. Avec Lui demeurent les anges. Leur vie, leur joie, leur fête sont le Christ, Lumière de la Lumière du Père. Un tel homme se réjouit à toute heure de la contemplation de son âme, il s’émerveille de sa beauté qu’il y voit, cent fois plus lumineuse que la splendeur solaire. […] C’est là le Royaume de Dieu caché au-dedans de nous, selon la parole du Seigneur. »
« Qu’est-ce, brièvement, que la Pureté ? C’est un cœur compatissant pour toute la nature créée. […] Et qu’est-ce qu’un cœur compatissant ? Il dit : « C’est un cœur qui brûle pour toute la création, pour les hommes, pour les oiseaux, pour les bêtes, pour les démons, pour toute créature. Lorsqu’il pense à eux, lorsqu’il les voit, ses yeux versent des larmes. Si forte, si violente est sa compassion […] que son cœur se brise lorsqu’il voit le mal et la souffrance de la plus humble créature. C’est pourquoi il prie avec larmes à toute heure […] pour les ennemis de la Vérité et tous ceux qui Lui nuisent, afin qu’ils soient gardés et pardonnés. Il prie même pour les serpents dans l’immense compassion qui se lève en son cœur, sans mesure, à l’image de Dieu. »

« Quand tu t’adonnes à la prière, si tu es autant que possible loin de toute distraction et si le verset s’arrête soudain sur ta langue et immobilise ton âme dans le Silence, si en dehors de ta volonté, ce Silence demeure en toi, sache que tu viens d’entrer dans la Paix […]. Et encore : si tu vois en toute pensée qui se lève en ton âme, en tout souvenir et en toutes contemplations qui te tiennent dans la Paix, les larmes emplir tes yeux et couler sans effort sur tes joues, sache que le mur s’est ouvert devant toi […]. »
« Et si tu trouves en toi de temps en temps ton intelligence plongée dans ton cœur sans que tu l’aies prévu et hors de toute règle, et si elle y reste un moment […], si après cela tu sens tes membres comme pris par une grande faiblesse, si la Paix règne sur tes pensées, si cet état persiste, sache que la nuée a commencé à couvrir de son ombre ta demeure. »

« C’est au moment où l’homme prie et supplie Dieu et Lui parle, se faisant violence pour recueillir de partout […] ses pensées, qu’il s’ouvre à Dieu seul et à son cœur rempli par Lui. Il comprend alors l’incompréhensible. Car l’Esprit-Saint […] souffle en Lui jusqu’à ce que, dans la plus haute attention, cesse le mouvement même de la prière, que dans son émerveillement, l’esprit soit frappé d’admiration et comblé d’Amour, et qu’il oublie son désir et sa propre demande. Ses mouvements sont plongés dans une ivresse profonde. Il n’est plus au monde. Il ne distingue plus entre l’âme et le corps et la mémoire des choses. Le grand et Divin Grégoire l’a dit : « La prière est la pureté de l’esprit. Elle s’arrête elle-même quand la Lumière de la Sainte Trinité la ravit dans l’émerveillement. »
« Une chose est la Joie de la prière, et une autre la prière de contemplation. La seconde est plus précieuse que la première, comme l’homme adulte est plus avancé que l’enfant. Il arrive que les versets d’un psaume soient très doux dans la bouche, et que la psalmodie d’un seul verset durant la prière nous empêche de poursuivre et de passer à un autre verset, tant elle est inépuisable. Mais il arrive aussi que de la prière naisse la contemplation, qui interrompt ce que disent les lèvres. L’homme est alors en extase. La contemplation fait de Lui comme un corps sans souffle. C’est là que nous appelons la prière de contemplation […]. Mais il y a encore dans cette contemplation une mesure […] : c’est toujours une prière. La méditation n’est pas encore parvenue au point où il n’y a plus de prière, et qui est plus haut. »

« En effet les mouvements de la langue et du cœur dans la prière sont des clefs. Mais ce qui vient ensuite est l’entrée dans le Lieu du Trésor. Quand se taisent ici toute bouche et toute langue, et le cœur qui recueille les pensées, et l’esprit qui gouverne les sens, et le travail de méditation, oiseau rapide et impudent. Que cesse leur activité. […] Car est venu le Maître de maison. »
« Viens un autre état, lorsque l’homme marche sur le chemin de la Vie […] et que d’en haut Lui est donnée la grâce d’éprouver la douceur de la connaissance de l’Esprit. Il reçoit la certitude que Dieu veille sur Lui […] et il est en admiration devant les Essences Spirituelles des choses. […] C’est alors qu’entre en Lui la douceur de Dieu et le feu de son Amour. […] On sent cette puissance quand on observe avec une attention contemplative tous les êtres de la création, toutes les choses que l’on rencontre. […] Par l’effet de cette grande attention, l’homme atteint désormais l’Amour de Dieu et s’enivre comme de vin. Ses membres fondent. Son esprit est hors de Lui-même. Et son cœur est emporté à la suite de Dieu. »

« Il arrive par moments que délices et jouissances pénètrent tout le corps. Et la langue de chair ne peut plus rien dire, tellement les choses terrestres ne sont plus alors que cendres et scories. Les premières délices, celles du cœur, nous comblent dans la veille : l’esprit brûle à l’heure de la prière, au moment de la lecture, au cours de méditations fréquentes ou de longues contemplations. »
« Mais les dernières délices nous viennent autrement, souvent la nuit, et de cette manière : quand nous sommes entre le sommeil et la veille, quand nous dormons sans dormir et sommes éveillés sans l’être vraiment. Palpitant dans tout son corps, ces délices pénètrent l’homme. Il Lui apparaît alors que ce n’est là rien d’autre que le Royaume des Cieux. »

« L’Amour de Dieu est par nature une chaleur. Quand il fond sans mesure sur un homme, il plonge son âme dans l’extase. C’est pourquoi le cœur de celui qui l’a senti ne peut supporter d’en être privé. Mais il connaît un changement étrange, à la mesure de l’Amour qui l’envahit. Tels sont les signes de cet Amour : le visage de l’homme s’enflamme de Joie et son corps est comblé de chaleur. La peur et la pudeur le quittent, comme s’il était sorti de Lui-même. […] Il est comme fou. La mort terrible Lui est Joie, […] Il n’a plus sa connaissance et sa vision naturelles. Il n’a plus conscience de ses gestes. Bien qu’il continue d’agir, il ne sent rien, comme si son intelligence était suspendue dans la contemplation. Sa pensée est toujours en dialogue avec l’Autre. »

« Qu’est-ce que la Connaissance ?                                                                                                          - Le sens de la Vie Immortelle                                                                                                                - Et qu’est-ce que la Vie Immortelle ?                                                                                                  – Tout sentir en Dieu. Car l’Amour vient de la rencontre. La Connaissance unie à Dieu accomplit tout désir. Et pour le cœur qui la reçoit, elle est tout entière douceur débordant sur la terre. Car il n’est rien de semblable à la douceur de la connaissance de Dieu. »

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