2 novembre 2021

Awhad al-dîn Balyânî

Awhad al-dîn Balyânî, originaire de la région de Shîrâz (Iran), mort en 1288, est un des plus grands maîtres  spirituels du Soufisme. (extraits de l’Epitre sur l’Unicité Absolue)



« C'est en raison de tout cela que le Prophète - sur Lui la Grâce et la Paix ! - a dit : « Celui qui se connaît Soi-même connaît son Seigneur ». Il a dit aussi : « J'ai connu mon Seigneur par mon Seigneur ».  Ce que le Prophète indique par-là, c'est que tu n'es pas « toi » mais que tu es « Lui » et qu'il n'y a pas de « toi » ; et non pas qu'il entre en toi ou sort de toi, ou que tu entres en Lui ou sort de Lui. »

« Cela ne signifie pas davantage que tu possèdes l'être et que tu es qualifié par tel ou tel attribut - non, définitivement non ! Ce qu'il a voulu dire, c'est que tu es totalement dépourvu d'être et que jamais tu ne « seras », que ce soit par toi-même, ou par Lui, ou en Lui, ou avec Lui. »

« On ne peut dire de toi, ni que tu cesses d'être, ni que tu es. Tu es Lui et Il est toi, sans aucune de ces imperfections. Si tu connais ton « être » de cette façon, alors tu connais Dieu ; et sinon, tu ne Le connais pas ! »

« Lorsque ce secret se dévoile à toi, tu sais que tu n'es pas « ce qui est autre que Dieu » mais que tu es toi-même le But de ta quête, que tu n'as nul besoin de l'extinction (pour y parvenir), que tu n'as jamais cessé et ne cesseras jamais d'être, au-delà de tout « quand » et de tout moment, ainsi que nous l'avons déjà mentionné : tu vois Ses attributs comme tes attributs, ton extérieur comme Son Nom « l'Apparent », ton intérieur comme Son Nom « le Caché », ton commencement comme Son Nom « le Premier » et ton terme comme Son Nom « le Dernier », sans le moindre doute ou la moindre hésitation à ce sujet. Tu vois Ses attributs comme tiens et Son essence comme ton essence, sans que tu aies à devenir Lui ou qu'Il ait à devenir toi à quelque degré que ce soit. »

« La plupart de ceux qui se prétendent des connaisseurs subordonnent la connaissance de Dieu à l'extinction de l'être et à « l'extinction de l'extinction ». C'est là une erreur et un manque de discernement manifeste ; la connaissance de Dieu n'exige, ni extinction de l'être, ni extinction de cette extinction, car les choses n'ont pas d'être, et ce qui n'a pas d'être ne peut donc s'éteindre, puisque l'extinction suppose l'affirmation préalable que ce qui s'éteint était. Si tu te connais comme n'étant pas et (par conséquent comme) ne cessant pas d'être, alors tu connais Dieu ; et sinon, tu ne Le connais pas ! »

« Ne pense donc pas que (pour Le connaître) tu dois d'abord cesser d'être : car si cette extinction était nécessaire, cela signifierait que tu Le voiles. Il serait par conséquent voilé par « autre que Lui », ce qui impliquerait nécessairement qu'un autre que Lui peut l'emporter sur Lui et L'empêcher d'être vu. C'est là une erreur et un manque de discernement : ainsi que nous l'avons déjà mentionné, Son voile n'est rien d'autre que Son Unicité et Sa singularité. Voilà pourquoi il est licite à celui qui parvient à la Vérité essentielle de dire : « Je suis la Vérité » ou « gloire à Moi ! ».

« Nul n'est véritablement parvenu jusqu'à Lui aussi longtemps qu'il ne voit ses attributs comme les attributs de Dieu et son essence comme l'essence de Dieu ; cela sans qu'il y ait infusion en Dieu ou effusion, à partir de Lui, de Son essence et de Ses attributs et sans qu'il y ait non plus extinction par rapport à Dieu ou permanence en Lui. Il se voit comme ayant toujours été dépourvu d'être propre, et non pas comme l'ayant eu, puis perdu. »

« Il n'y a de soi que le Soi, il n'y a d'être que Son Etre. Le Prophète - sur Lui la Grâce et la Paix ! - a fait allusion à cela lorsqu'il a dit : « N'insultez pas le Temps, car Dieu est le Temps », affirmant ainsi que la transcendance de Dieu - qu'il soit exalté et béni - exclut tout associé, égal ou pareil. »

« Quand se découvre le secret d'un seul atome se découvre aussi le secret de toutes les choses existenciées, apparentes ou cachées, et tu cesses de voir les deux mondes comme autres que Dieu ; leurs noms et ce qu'ils nomment sont dépourvus de réalité. Ou plutôt : leurs noms et ce qu'ils nomment, et leur existence même sont Lui, sans le moindre doute. »

« Tu ne vois pas Dieu comme ayant jamais créé une chose quelconque mais comme étant « chaque jour à une œuvre », laquelle tantôt Le manifeste et tantôt L'occulte, et cela en dehors de toute modalité concevable : Car « Il est le Premier et le Dernier, l'Apparent et le Caché et Il est Savant à l'égard de toute chose ». Il se manifeste par Son Unicité et se cache par Sa Singularité. Il est le Premier par Son Essence et Son Immutabilité et le Dernier par Sa permanence éternelle. Il est l'être même du Nom « le Premier » et du Nom « le Dernier » du Nom « l'Apparent » et du Nom « le Caché ». Il est à Lui-même le Nom et le Nommé. » 

« De même qu'il est nécessaire qu'Il soit, il est nécessaire que ce qui est « autre que Lui » ne soit pas. En effet, ce que tu crois être « autre que Lui » n'est pas « autre que Lui ». « L'autre que Lui » est Lui ; Sa transcendance exclut qu'un « autre que Lui » soit véritablement « autre » : « l'autre que Lui » est Lui sans qu'il y ait réellement altérité, que ce soit « avec Lui », ou « en Lui », intérieurement ou extérieurement. »

« Celui qui comprend cet exemple sait qu'il n'y a en fait ni union, ni séparation ; que le connaisseur est Lui et que le connu est Lui ; que celui qui voit est Lui et que ce qui est vu est Lui ; que celui qui arrive est Lui et que ce à quoi il arrive est Lui. »

« Nul autre que Lui ne parvient à Lui, nul autre que Lui ne se sépare de Lui. Quiconque comprend cela est totalement exempt de l'idolâtrie de l'idolâtrie ; quiconque ne l'a pas compris n'a pas même respiré le parfum de cette libération de l'idolâtrie. »

« Sache, en résumé, que celui qui voit et ce qui est vu, celui qui trouve et ce qui est trouvé, celui qui sait et ce qui est su, Celui qui existencie et ce qui est existencié, celui qui perçoit et ce qui est perçu ne sont qu'Un. »
« Il voit, connaît, perçoit Son Etre par Son Etre, au-delà de toute modalité et de toute forme de vision, de connaissance ou de perception. De même que Son Etre transcende tout « comment », de même aussi la vision, la connaissance ou la perception qu'Il a de Lui-même sont sans « comment. »


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