Pseudo-Macaire ou Macaire-Syméon est un moine du IVe siècle qui a
probablement vécu en Mésopotamie.
« L’âme qui a été jugée digne de participer à l’Esprit dans
Sa Lumière et qui a été illuminée par la splendeur de Sa Gloire Ineffable,
lorsqu’Il a fait d’elle sa demeure, devient toute Lumière, tout visage, tout
œil, et il ne reste plus aucune part d’elle-même qui ne soit remplie d’yeux
spirituels de Lumière. C’est-à-dire qu’elle n’a rien de ténébreux mais qu’elle
est toute Lumière et Esprit, toute pleine d’yeux, n’ayant plus de revers, mais
présentant son visage de tous côtés, la Beauté indescriptible de la Gloire et
de la Lumière du Christ étant venue en elle et résidant en elle. »
« De même que le soleil est en tout semblable à Lui-même,
n’ayant aucun revers, aucun lieu inférieur, mais tout entier resplendit de
Lumière, […] de même l’âme qui a été illuminée par l’Ineffable Beauté, Gloire
et Lumière de la face du Christ, et remplie du Saint-Esprit, qui a été digne de
devenir la demeure et le temple de Dieu, est tout œil, toute Lumière, tout
visage, toute gloire et tout Esprit, le Christ l’ornant de la sorte, la
portant, la soutenant, et ainsi l’illuminant et la décorant de la beauté spirituelle. »
« Ceux qui ont été
jugés digne de devenirs enfants de Dieu et de naître d’en haut de
l’Esprit-Saint […), ils leur arrivent de pleurer et de s’affliger pour tout le
genre humain, ils prient pour l’Adam total en versant des larmes, embrasés
qu’ils sont d’Amour spirituel pour l’humanité. Parfois aussi leur esprit
s’enflamme d’une telle Joie et d’un tel Amour que, si c’était possible, ils
prendraient tous les hommes dans leur cœur, sans distinguer les mauvais des
bons. Parfois encore, dans l’humilité de l’esprit, ils s’abaissent tellement
devant tout homme qu’ils se considèrent comme les derniers et les moindres de
tous. Après quoi, l’Esprit les fait de nouveau vivre dans une Joie
ineffable. »
« Si tu es devenu le
trône de Dieu et que le conducteur céleste t’a pris pour char, et que ton âme
entière est devenue œil spirituel et entièrement Lumière, si tu t’es nourri de
la nourriture de l’Esprit, si tu as bu l’Eau de la Vie, et revêtu les vêtements
de l’indescriptible Lumière, si ton homme intérieur a été établi dans
l’expérience et la Plénitude de toutes ces choses, voici que tu vis en vérité
la Vie Eternelle. »
« Il n’est pas vrai, comme le soutiennent certains, abusés
par l’erreur, que l’homme soit irrémédiablement mort et ne puisse plus rien
accomplir de bon. Un petit enfant est incapable de tout : il ne peut
accourir sur ses propres jambes vers sa mère, mais il se roule à terre, il
crie, il pleure, il appelle. Et elle s’attendrit, elle est tout émue de voir
son enfant la chercher avec tant d’impatience et de sanglots. Il ne peut la
rejoindre, mais il l’appelle inlassablement, et elle vient vers Lui,
bouleversée d’Amour, elle l’embrasse, le presse sur son cœur, Lui donne à manger,
avec une tendresse ineffable. Dieu nous aime et Il se conduit comme elle à
l’égard de l’âme qui le cherche et l’appelle. Dans l’élan de cet Amour Infini
qui est le sien […], Il s’attache à notre esprit, s’unit à Lui et « ne
fait qu’un esprit » avec Lui, comme dit l’apôtre (Cor 6,17). L’âme se
joint au Seigneur, et le Seigneur, rempli de compassion et d’Amour, vient et
s’unit à elle et elle demeure dans sa grâce. Alors l’âme et le Seigneur ne font
qu’un seul esprit, une seule vie, un seul cœur. »
« La grâce grave dans
le cœur des Fils de Lumière les lois de l’Esprit. Ils ne doivent donc pas
seulement puiser leur assurance dans les Ecritures d’encre, car la grâce de Dieu
grave aussi les lois de l’Esprit et les mystères célestes sur les tables du
cœur. Le cœur en effet commande et régit tout le corps. Une fois que la grâce
s’est emparée des pâturages du cœur, elle règne sur tous les membres et les
pensées. Car c’est en Lui que sont l’esprit et toutes les pensées de l’âme et
son espérance. Par Lui la grâce passe dans tous les membres du corps. »
« Si tu renonces à la
vie que tu mènes aujourd’hui, si tu persévères dans la prière, tu sentiras que
ton effort t’apporte un grand repos, tu découvriras dans ces peines et ces
fatigues bien légères une joie, une douceur immense. Ineffable est la tendresse
de Dieu. »
« Il s’offre Lui-même à ceux qui, de toute leur foi, croient
que Dieu peut habiter le corps de l’homme et faire de Lui Sa demeure glorieuse.
Dieu a bâti le ciel et la terre pour que l’homme y demeure, mais Il a aussi
bâti le corps et l’âme de l’homme pour en faire Sa propre demeure, pour habiter
dans son corps, s’y reposer comme en une maison bien tenue ».
« Voici le véritable fondement de la prière : être
attentif à ses pensées et se livrer à la prière dans un grand calme, une grande
paix, de manière à ne pas choquer les autres […]. L’homme devra donc porter le
combat sur ses pensées, tailler dans leur masse […], se pousser vers Dieu, ne
pas faire les volontés de ses pensées, mais au contraire, les ramener de leur
dispersion en triant les pensées naturelles d’avec les mauvaises. L’âme
sous le péché s’avance comme à travers un fleuve envahi de roseaux, de fourrés […].
Qui veut les franchir doit étendre les mains et, péniblement, écarter de force
l’obstacle qui l’emprisonne. Ainsi les pensées de la puissance ennemie
enveloppent l’âme de leur gangue. Il faut un grand zèle, une grande attention
pour les discerner. »
« Les lampes
innombrables qui brûlent ont toutes été allumées au même feu, c’est–à-dire que
toutes, elles ont été allumées et brillent sous l’action d’une seule et même
substance. Ainsi les Chrétiens resplendissent sous l’action du Feu Divin, le
Fils de Dieu. Leurs lampes allumées se trouveront au fond de leur cœur et
brillent en Sa Présence, pendant le temps qu’ils passent sur terre, tout comme
Lui-même resplendit. »
« L’Esprit ne dit-il pas : « C’est pour cela que
Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse » (Ps 45,8) ? Il a été appelé
Oint (Christos) afin que, recevant l’onction de la même huile dont il a été
oint, nous puissions nous aussi être appelés des « Christos », étant
de la même nature et formant avec Lui un seul corps. Il est écrit
également : « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés forment
un seul tout » (Héb 2,11) »
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