Isaac le Syrien ou Isaac de
Ninive, né en 640 et mort en 700, est un ascète, mystique, écrivain, théologien,
évêque. Un des plus grands maîtres spirituels du christianisme oriental.
« Seigneur, quand ton Esprit Saint vient habiter dans un
homme, cet homme ne peut plus cesser de prier, car l'Esprit en Lui prie sans
cesse. Qu'il dorme, qu'il veille, dans son cœur la prière est toujours à
l'œuvre. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il se repose ou qu'il travaille, l'encens
de la prière monte spontanément de son cœur. La prière en Lui n'est plus liée à
un temps déterminé, elle est ininterrompue. Même durant son sommeil, elle se
poursuit, bien cachée. Car le Silence d'un homme qui est devenu libre est en
Lui-même déjà prière. Ses pensées sont inspirées par Toi, mon Dieu. Le moindre
mouvement de son cœur est comme une voix qui, silencieuse et secrète, chante
pour Toi l'Invisible. »
« Purifie-toi et tu verras le Ciel en toi. En toi tu verras les anges et leur Lumière, et tu verras leur Maître avec eux et en eux. […] Le Pays Spirituel de l’homme à l’âme purifiée est au-dedans de Lui. Le soleil qui brille en Lui est la Lumière de la Trinité. L’air que respirent les pensées qui Lui viennent est l’Esprit-Saint Consolateur. Avec Lui demeurent les anges. Leur vie, leur joie, leur fête sont le Christ, Lumière de la Lumière du Père. Un tel homme se réjouit à toute heure de la contemplation de son âme, il s’émerveille de sa beauté qu’il y voit, cent fois plus lumineuse que la splendeur solaire. […] C’est là le Royaume de Dieu caché au-dedans de nous, selon la parole du Seigneur. »
« Qu’est-ce, brièvement, que la Pureté ?
C’est un cœur compatissant pour toute la nature créée. […] Et qu’est-ce qu’un
cœur compatissant ? Il dit : « C’est un cœur qui brûle pour
toute la création, pour les hommes, pour les oiseaux, pour les bêtes, pour les
démons, pour toute créature. Lorsqu’il pense à eux, lorsqu’il les voit, ses
yeux versent des larmes. Si forte, si violente est sa compassion […] que son cœur
se brise lorsqu’il voit le mal et la souffrance de la plus humble créature.
C’est pourquoi il prie avec larmes à toute heure […] pour les ennemis de la
Vérité et tous ceux qui Lui nuisent, afin qu’ils soient gardés et pardonnés. Il
prie même pour les serpents dans l’immense compassion qui se lève en son cœur,
sans mesure, à l’image de Dieu. »« Purifie-toi et tu verras le Ciel en toi. En toi tu verras les anges et leur Lumière, et tu verras leur Maître avec eux et en eux. […] Le Pays Spirituel de l’homme à l’âme purifiée est au-dedans de Lui. Le soleil qui brille en Lui est la Lumière de la Trinité. L’air que respirent les pensées qui Lui viennent est l’Esprit-Saint Consolateur. Avec Lui demeurent les anges. Leur vie, leur joie, leur fête sont le Christ, Lumière de la Lumière du Père. Un tel homme se réjouit à toute heure de la contemplation de son âme, il s’émerveille de sa beauté qu’il y voit, cent fois plus lumineuse que la splendeur solaire. […] C’est là le Royaume de Dieu caché au-dedans de nous, selon la parole du Seigneur. »
« Quand tu t’adonnes à la
prière, si tu es autant que possible loin de toute distraction et si le verset
s’arrête soudain sur ta langue et immobilise ton âme dans le Silence, si en
dehors de ta volonté, ce Silence demeure en toi, sache que tu viens d’entrer
dans la Paix […]. Et encore : si tu vois en toute pensée qui se lève en
ton âme, en tout souvenir et en toutes contemplations qui te tiennent dans la Paix,
les larmes emplir tes yeux et couler sans effort sur tes joues, sache que le mur
s’est ouvert devant toi […]. »
« Et si tu trouves en toi
de temps en temps ton intelligence plongée dans ton cœur sans que tu l’aies
prévu et hors de toute règle, et si elle y reste un moment […], si après cela
tu sens tes membres comme pris par une grande faiblesse, si la Paix règne sur
tes pensées, si cet état persiste, sache que la nuée a commencé à couvrir de
son ombre ta demeure. »
« C’est au moment où l’homme
prie et supplie Dieu et Lui parle, se faisant violence pour recueillir de
partout […] ses pensées, qu’il s’ouvre à Dieu seul et à son cœur rempli par Lui.
Il comprend alors l’incompréhensible. Car l’Esprit-Saint […] souffle en Lui
jusqu’à ce que, dans la plus haute attention, cesse le mouvement même de la
prière, que dans son émerveillement, l’esprit soit frappé d’admiration et
comblé d’Amour, et qu’il oublie son désir et sa propre demande. Ses mouvements
sont plongés dans une ivresse profonde. Il n’est plus au monde. Il ne distingue
plus entre l’âme et le corps et la mémoire des choses. Le grand et Divin
Grégoire l’a dit : « La prière est la pureté de l’esprit. Elle
s’arrête elle-même quand la Lumière de la Sainte Trinité la ravit dans
l’émerveillement. »
« Une chose est la Joie de la prière, et
une autre la prière de contemplation. La seconde est plus précieuse que la
première, comme l’homme adulte est plus avancé que l’enfant. Il arrive que les
versets d’un psaume soient très doux dans la bouche, et que la psalmodie d’un
seul verset durant la prière nous empêche de poursuivre et de passer à un autre
verset, tant elle est inépuisable. Mais il arrive aussi que de la prière naisse
la contemplation, qui interrompt ce que disent les lèvres. L’homme est alors en
extase. La contemplation fait de Lui comme un corps sans souffle. C’est là que
nous appelons la prière de contemplation […]. Mais il y a encore dans cette
contemplation une mesure […] : c’est toujours une prière. La méditation
n’est pas encore parvenue au point où il n’y a plus de prière, et qui est plus
haut. »
« En effet les mouvements
de la langue et du cœur dans la prière sont des clefs. Mais ce qui vient
ensuite est l’entrée dans le Lieu du Trésor. Quand se taisent ici toute bouche
et toute langue, et le cœur qui recueille les pensées, et l’esprit qui gouverne
les sens, et le travail de méditation, oiseau rapide et impudent. Que cesse
leur activité. […] Car est venu le Maître de maison. »
« Viens un autre état,
lorsque l’homme marche sur le chemin de la Vie […] et que d’en haut Lui est
donnée la grâce d’éprouver la douceur de la connaissance de l’Esprit. Il reçoit
la certitude que Dieu veille sur Lui […] et il est en admiration devant les
Essences Spirituelles des choses. […] C’est alors qu’entre en Lui la douceur de
Dieu et le feu de son Amour. […] On sent cette puissance quand on observe avec
une attention contemplative tous les êtres de la création, toutes les choses
que l’on rencontre. […] Par l’effet de cette grande attention, l’homme atteint
désormais l’Amour de Dieu et s’enivre comme de vin. Ses membres fondent. Son
esprit est hors de Lui-même. Et son cœur est emporté à la suite de Dieu. »
« Il arrive par moments
que délices et jouissances pénètrent tout le corps. Et la langue de chair ne
peut plus rien dire, tellement les choses terrestres ne sont plus alors que
cendres et scories. Les premières délices, celles du cœur, nous comblent dans
la veille : l’esprit brûle à l’heure de la prière, au moment de la
lecture, au cours de méditations fréquentes ou de longues contemplations. »
« Mais les dernières
délices nous viennent autrement, souvent la nuit, et de cette manière :
quand nous sommes entre le sommeil et la veille, quand nous dormons sans dormir
et sommes éveillés sans l’être vraiment. Palpitant dans tout son corps, ces
délices pénètrent l’homme. Il Lui apparaît alors que ce n’est là rien d’autre
que le Royaume des Cieux. »
« L’Amour de Dieu est par nature une
chaleur. Quand il fond sans mesure sur un homme, il plonge son âme dans
l’extase. C’est pourquoi le cœur de celui qui l’a senti ne peut supporter d’en
être privé. Mais il connaît un changement étrange, à la mesure de l’Amour qui
l’envahit. Tels sont les signes de cet Amour : le visage de l’homme
s’enflamme de Joie et son corps est comblé de chaleur. La peur et la pudeur le
quittent, comme s’il était sorti de Lui-même. […] Il est comme fou. La mort
terrible Lui est Joie, […] Il n’a plus sa connaissance et sa vision naturelles.
Il n’a plus conscience de ses gestes. Bien qu’il continue d’agir, il ne sent
rien, comme si son intelligence était suspendue dans la contemplation. Sa
pensée est toujours en dialogue avec l’Autre. »
« Qu’est-ce
que la Connaissance ? - Le sens de la Vie Immortelle -
Et qu’est-ce que la Vie Immortelle ?
– Tout sentir en Dieu. Car l’Amour
vient de la rencontre. La Connaissance unie à Dieu accomplit tout désir. Et
pour le cœur qui la reçoit, elle est tout entière douceur débordant sur la
terre. Car il n’est rien de semblable à la douceur de la connaissance de
Dieu. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire